Comment l’Afrique tente-t-elle de récupérer son or des entreprises multinationales étrangères ?

Les États africains, de la République Démocratique du Congo au Mali, mettent la main à la pâte contre les géants miniers étrangers.

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26 Déc, 2024

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Les États africains, de la République Démocratique du Congo au Mali, mettent la main à la pâte contre les géants miniers étrangers.

L’exploitation de l’or en Afrique met en lumière une réalité brutale. Sur ce continent, qui abrite certaines des plus riches réserves d’or au monde, la majeure partie des bénéfices échappent aux populations locales, alimentant au lieu de cela des réseaux criminels et exacerbant les conflits. Cependant, une dynamique de redressement émerge.

Le secteur artisanal sous pression
Le Conseil Mondial de l’Or a fait une observation claire : l’exploitation artisanale et à petite échelle représente 20 % de l’offre mondiale d’or et mobilise 80 % des travailleurs du secteur. Cette activité, vitale pour des millions de personnes dans plus de 80 pays, continue d’être marquée par des conditions de travail dangereuses. L’utilisation de mercure, le non-respect des normes environnementales et l’exploitation des enfants sont courants.

En Afrique, l’exploitation artisanale est particulièrement répandue au Burkina Faso, au Mali, au Ghana et en République Démocratique du Congo (RDC). En opérant principalement dans le secteur informel, elle ouvre la voie à des pratiques illégales qui privent les États de ressources importantes. En 2022, 435 tonnes d’or ont été extraites illégalement sur le continent, soit 30,7 milliards de dollars évaporés.

L’étouffement des groupes armés
L’or artisanal attire la cupidité criminelle. Au Sahel, qu’ils soient affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, les groupes terroristes imposent leurs lois aux petites communautés locales sous couvert de devoirs religieux. Ces « taxes » alimentent directement les rébellions armées et l’instabilité régionale.

Dans ce jeu sombre, le groupe Wagner, qui a désormais remplacé la Russie, a réussi à prendre sa part. Présent en Afrique centrale et de l’Ouest, il aurait généré plus de 2,5 milliards de dollars de revenus depuis 2022 grâce à l’exploitation minière de l’or, et ces fonds ont été réinjectés dans les opérations militaires russes en Ukraine.

Une réponse s’organise en Afrique
Face à cette situation, certains pays africains ripostent. Le Mali, en particulier, mène une campagne sans précédent contre les grandes entreprises minières étrangères. En octobre 2024, Bamako a exigé 512 millions de dollars de Barrick Gold pour des dettes fiscales. Le géant canadien, qui contrôle 80 % des mines de Loulo-Gounkoto, a dû suspendre temporairement la procédure.

L’étau se resserre également autour de Resolute Mining Ltd. En novembre 2024, son directeur général, Terry Holohan, a été arrêté avec plusieurs dirigeants dans un hôtel de Bamako. L’entreprise australienne, qui détient 80 % de la mine stratégique de Syama, fait face à des accusations de fraude et de détérioration de biens publics.

Cette offensive fait partie d’une révision complète du secteur minier malien. Le ministre des Mines a annoncé que la révision des contrats avec B2Gold, Allied Gold et Robex devrait rapporter 245 milliards de CFA supplémentaires par an. L’objectif est d’augmenter la participation de l’État dans les projets miniers de 20 % à 35 % et de réduire les avantages fiscaux pour les entreprises étrangères.

Coûts humains et environnementaux
Sur le terrain, les communautés locales paient un lourd tribut. La déforestation s’accélère, les sols et les cours d’eau sont pollués par le mercure et le cyanure. Les conflits pour le contrôle des ressources forcent souvent les populations à fuir.

En RDC, la situation est particulièrement critique. Les milices armées contrôlent la majeure partie de l’exploitation artisanale et soumettent les mineurs à des pillages systématiques. Un rapport de 2017 a révélé que presque toute l’or artisanal du pays échappait aux canaux officiels.

Des initiatives pour formaliser l’exploitation artisanale émergent. La Convention de Minamata sur le mercure et les Principes de la Responsabilité Minière du Conseil Mondial de l’Or fournissent des cadres réglementaires. Cependant, leur mise en œuvre est entravée par un manque de coopération internationale et de volonté politique.

Cependant, le message des gouvernements africains aux investisseurs étrangers se durcit : l’ère des contrats déséquilibrés est révolue. Les entreprises minières devront contribuer davantage au développement local et exercer un plus grand contrôle sur leurs activités. Cette dynamique, observée au Mali, au Burkina Faso et au Niger, pourrait marquer un tournant dans la gestion des ressources aurifères du continent.